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Christophe Offenstein filme « La Tour » avec l’ARRI ALEXA Mini LF et les Signature Primes

Le duo de cinéastes primés aux César s'associe aux caméras et aux lumières ARRI pour donner vie à l'atmosphère effrayante de « La Tour ».

Sep. 20, 2022

César de la meilleure photo pour « Valley of Love », Christophe Offenstein retrouve Guillaume Nicloux pour « La Tour » présenté au Festival de Deauville 2022. Le directeur de la photo a utilisé les optiques ARRI Signature Primes et l’ALEXA Mini LF pour cet huis clos angoissant, tourné en très basses lumières.

« La Tour » est un projet très différent des précédents films que vous avez tourné avec Guillaume Nicloux. Comment avez-vous abordé ce nouveau long métrage ?

« La Tour » est un film de genre qui se passe au cœur d’un immeuble où les habitants se réveillent un matin enveloppés d’un épais brouillard opaque qui obstrue portes et fenêtres. Cette situation va créer une angoisse et un suspense haletant. La majeure partie du film est traitée en huis clos au cœur de la tour, de ses escaliers étroits et de ses appartements sans lumière du jour. Ce qui impliquait de ma part tout un travail pour créer de l’inattendu, malgré la récurrence des lieux. Il me fallait éviter à tout prix un traitement systématique.

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Le DP Christophe Offenstein a travaillé dur pour créer de l’inattendu dans « La Tour »

Comment êtes-vous arrivé à l’esthétique très sombre de « La Tour » ? Quelle était la demande de Guillaume Nicloux au niveau de l’image ?

Nous nous connaissons très bien avec Guillaume puisque nous avons fait plus de six longs métrages ensemble. Il m’a donné quelques références, comme les films de David Cronenberg, et aussi des séries américaines, mais rien de très précis. C’est à moi d’interpréter. Au départ, nous étions partis sur une atmosphère assez froide mais, au final, nous avons été plus chauds que prévu initialement. Par contre, j’ai voulu, dès le début, une image contrastée. C’était essentiel pour créer une atmosphère inquiétante, avec du suspens, de la crainte. À part le premier tiers, le film est beaucoup basé sur les basses lumières, avec des éclairages naturels comme des flammes et des flambeaux. C’est une esthétique très forte.

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L’ambiance de « La Tour » est basé sur les basses lumières, avec des éclairages naturels comme des flammes et des flambeaux

Pourquoi avez-vous choisi les optiques ARRI Signature Primes et l’ALEXA Mini LF sur ce film ?

Après avoir réalisé des essais avec différentes gammes d’objectifs, c’est la série Signature Prime qui s’est révélée la meilleure solution. La combinaison avec la Mini LF est parfaite. J’ai beaucoup apprécié de travailler avec ces optiques. Le résultat est impressionnant. En fait, les Signature Primes sont précises sans être trop sharp. Elles sont suffisamment douces pour donner un excellent résultat. A pleine ouverture, elles n’appuient pas trop les contours de l’image. C’était important pour moi de ne pas avoir une image qui soulignerait trop fortement les personnages. Je voulais aussi tourner avec très peu de diaph pour casser les profondeurs et maintenir la tension autour des personnages. C’était mon principe sur ce film. J’ai presque toujours utilisé les Signature Primes à leur pleine ouverture, à 1.8. Le plus souvent, nous n’avions qu’un seul pouce de profondeur de champ sur les personnages. C’était un film très compliqué à gérer au niveau du point.

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Le rappeur Français Hatik est un des personnages principaux dans « La Tour »

Quelles focales avez-vous le plus utilisées dans la série ARRI Signature Primes ?

C’était la première fois que j’utilisais ces optiques. Elles étaient disponibles depuis quelques mois seulement avant le tournage. J’ai travaillé principalement en focale courte, du 25mm au 40mm. C’est une très belle série. ARRI a fait un très beau travail avec les Signature Primes. Ce sont des focales qui ne déforment pas. Elles sont parfaitement adaptées à l’ALEXA Mini LF. Comme je suis en grand format, j’ai presque le même rendu de focale qu’en scope. Je peux cadrer plus large, avec une déformation moins forte et une faible profondeur de champ. C’est très intéressant à travailler.

Justement, qu’est-ce qui vous a poussé à choisir l’ALEXA Mini LF ?

Je travaille en ALEXA depuis longtemps et j’avais déjà utilisé la LF sur un autre film aussi. J’aime beaucoup la définition de l’ALEXA Mini LF. Elle me permet d’avoir plus de marge de manœuvre en postproduction si j’ai besoin de resserrer une image, de zoomer dedans. Je peux le faire sans aliéner la qualité. Surtout, avec l’ALEXA Mini LF, j’ai un rendu des couleurs parfait. Le rapport de couleurs est excellent, les rouges ne sont pas sous-dimensionnés. J’ai aussi plus de détails dans les très basses lumières. C’est une caméra qui va très loin dans le pied de courbe. Elle accepte des écarts de diaph énormes. C’était très important sur « La tour » où nous tournions en très basses lumières, avec des personnages qui pouvaient tenir des flambeaux à la main. La Mini LF pouvait encaisser 16 diaphs d’écart, sans brûler les très hautes lumières et tout en conservant des détails dans les noirs. C’est impressionnant.

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« J’aime beaucoup la définition de l’ALEXA Mini LF », dit DP Christophe Offenstein

Vous avez tourné « La Tour » en studio ?

Pas du tout. Tout le film est tourné en décor naturel, dans une ancienne tour désaffectée, avec beaucoup d’escaliers étroits et de vrais appartements. Tout était tourné caméra à l’épaule ou au Steadicam. Il me fallait absolument une caméra compacte capable de passer dans ces décors tous petits. L’ALEXA Mini LF était indispensable dans ce contexte. Le réalisateur voulait plonger le spectateur dans du réalisme pour qu’il s’identifie encore mieux avec les personnages. Le tournage a duré quatre semaines, dans ce décor unique avec une petite équipe très mobile, composée gens qui se connaissent bien. Tout avançait très vite.

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Christophe Offenstein: « Le réalisateur voulait plonger le spectateur dans du réalisme pour qu’il s’identifie encore mieux avec les personnages »

Vous avez obtenu un César pour la photographie de « Valley of Love », réalisé par Guillaume Nicloux. Quelle est votre méthode de travail ensemble ?

Le propre du directeur de la photographie, c’est de se rendre disponible et d’être à l’écoute de la volonté du réalisateur. Il faut vraiment être en accord tous les deux. C’est un peu ce que vient souligner un prix comme le César de « Valley of Love ». Ce film est le fruit d’une belle entente, d’une collaboration qui s’est passée admirablement bien. Guillaume Nicloux est un vrai réalisateur d’image. Nous nous connaissons bien, donc nous travaillons vite. Je comprends rapidement où il veut aller. C’est un atout important sur un film de ne pas avoir à passer par toutes ces étapes où on cherche à comprendre le fonctionnement du réalisateur. Tous les deux, nous avons un discours clair et net. C’est l’avantage d’avoir fait plusieurs films ensemble.

Crédits photo: Dark Star